Astrologie : Les nouvelles boussoles de fortune des jeunes Français

Ghada Choucri Mercredi 17 Mars 2021-16:05:57 Jeunesse
 Les nouvelles boussoles de fortune des jeunes Français
Les nouvelles boussoles de fortune des jeunes Français

L’ésotérisme est devenu un véritable phénomène chez les Français pendant la crise sanitaire, et en particulier chez les jeunes de 18 à 24 ans. Ils sont 70% à croire aux para sciences, en particulier en l’astrologie, selon un sondage Ifop. Certains pratiquent, d’autres consultent pour se guider, inquiets de leur avenir, selon le site Internet France Inter. Un petit plaisir coupable qui n’engage à rien pour les uns ; une obsession pour les autres. L’astrologie connait un certain engouement auprès des 18-24 ans, en particulier les femmes. Ils et elles y voient une boussole pour les guider dans un monde de plus en plus incertain. Selon une enquête réalisée par l’Ifop avec la Fondation Jean-Jaurès, publiée début décembre, quatre Français sur dix disent croire en l’astrologie. Chez les 18-24 ans, ils sont près de 70% à croire aux parasciences, autoproclamées « sciences parallèles », tout en n’ayant aucune réelle valeur scientifique. Et ce phénomène n’est pas seulement répandu, il est également en hausse continue depuis au moins une vingtaine d’années. 58% des Français, tous âges confondus, déclarent croire à au moins une des disciplines de parascience, à savoir les lignes de la main, la sorcellerie, la voyance, la numérologie, la cartomancie et l’astrologie. Parmi ces croyances, l’astrologie a augmenté de 8 points par rapport à 2000. Aujourd’hui, 41% des Français y croient : c’est plus que les Américains par exemple, qui sont 30% à y croire. L’astrologie fait partie intégrante de la vie de Justine, 24 ans : « Quand j’ai découvert la discipline et que l’on m’a demandé mon signe solaire, au début ça m’a fait rigoler, je ne l’ai pas pris au sérieux. Et puis un jour, j’avais 21 ans, je rencontre une personne qui se dit médium professionnelle. Elle me fait mon thème astral pour lire les grandes lignes de ma vie, répondre à mes interrogations à un moment où ça n’allait pas trop dans ma vie. J’ai trouvé ses conseils pertinents et ça me ressemblait ». A son tour, Justine tire les oracles et le tarot de Marseille pour ses amis : « Cette spiritualité-là c’est un peu comme avoir la foi, comme une religion. Quand j’ai commencé je me disais que ce ne sont que des cartes, qu’il ne faut pas jouer sa vie dedans mais une autre partie de moi avait envie d’y croire. On s’y accroche car ça redonne de l’espoir, ça rassure, mais ça peut vite devenir addictif et mauvais. Dès qu’on a besoin d’une réponse, on va tout de suite faire un tirage et si ça ne correspond pas à nos attentes, on va nourrir notre peur ». Boîte à idées, béquille émotionnelle ou simple divertissement « n’engageant à rien », l’astrologie s’est transformée en quelques années en un outil multifonction. Pour Lola, 26 ans et cartomancière, c’est beaucoup plus sérieux. Elle a créé sa chaîne YouTube « Sans Titre » lors du premier confinement et a commencé les consultations privées en septembre : « Au fil des mois, j’ai de plus en plus de jeunes de mon âge qui me demandent des consultations alors que la moyenne d’âge de mon public sur YouTube est de 40 ans ». Cette période de crise sanitaire est synonyme pour certains de remise en cause personnelle. Un contexte qui joue sur l’intérêt croissant pour les parasciences. Pour Lola, cet intérêt pour l’astrologie va prendre de l’ampleur cette année : « Je sens déjà plus d’éveil et de conscientisation de la part de la population. C’est une période qui nous pousse à l’introspection. J’ai même des psychologues qui viennent me voir car ils veulent rentrer plus en profondeur de leurs interrogations. Avec cette période de crise sanitaire, beaucoup ont besoin de se sentir utile dans ce monde, d’aimer ce qu’ils font. Beaucoup de mes consultants veulent se reconvertir ou se sont reconvertis et cherchent à savoir s’ils sont sur la bonne voie ». L’engouement pour la sorcellerie peut être relié au goût prononcé des jeunes pour le paranormal véhiculé par les productions culturelles américaines selon Louise Jussian, chargée d’études à l’Ifop, l’Institut français d’opinion publique : « On ne compte plus le nombre de films et de séries reprenant les thématiques de sorcellerie qui ont envahi nos grands et petits écrans depuis la fin des années 1990 : du triomphe de la saga Harry Potter à la vague vampires et sorcières impulsée par la série Charmed et la pentalogie Twilight, les jeunes adultes d’aujourd’hui ont baigné dans cet univers qui a pu les marquer ».

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